• Chapitre II : Les Lames de l'Espoir

    La jeunesse est une période magnifique où l'on découvre le monde et apprenons à nous connaître. Nous pouvons faire des erreurs et ne pas se soucier des conséquences car les aînés veillent au grain sans que l'on s'en aperçoive. Parfois de sombres évènements demandent à certains malheureux de grandir plus vite qu'ils ne l'escomptaient et d'abandonner cette jeunesse insouciante afin de devenir des adultes responsables. Seolan et ses camarades avaient été victimes de cette injustice, victimes d'une guerre à laquelle ils se devaient de prendre part de sorte que les générations futures ne subissent le même sort. Grandir sur le champ de bataille est un véritable châtiment qui transforme ses acteurs autrefois humains, en impétueux messagers de la Mort...

    Ishaka entre en guerre contre des envahisseurs d'un nouveau genre. Il semblerait que plusieurs nations alentours aient déjà succombé face à ces invasions que personne n'escomptait, il fallait réagir vite. Pourquoi attaquer l'île autarcique ? Il n'y avait aucune raison valable à cela hormis l'expansion territoriale qui allait bientôt se transformer en domination totale. Le fer de lance des assaillants était quelque chose de nouveau, d'incompréhensible et d'inarrêtable ; le surnaturel. Difficile d'affronter ce qu'on ne connaît pas. Plutôt que s'attarder sur toutes ces questions, les guerriers d'Ishaka s'étaient engagés à rendre la pareille aux assaillants et protéger ce qui leur était cher au péril de leur vie. Tout juste majeurs, le trio Shinke, Yōma et Seolan dirigeaient chacun une escouade composée d'une trentaine de soldats dont les principales fonctions étaient de protéger la capitale et de stopper les tentatives d’assassinat des régents de l'archipel. Malgré leurs stratégies avancées et les maigres escarmouches remportées par le trio, les forces Ishakiennes étaient totalement dépassés par les aptitudes extraordinaires de leurs ennemis. Après avoir conquis chaque cité sur leur route et semé les graines du désespoir sur leur sillage, ils marchaient désormais en direction de la capitale.

    Le dernier rempart que les assaillants allaient devoir surmonter s'ils voulaient s'emparer de la capitale et de la tête d'Ishaka était la Garde rapprochée du 47ième, composée des meilleurs guerriers de l'île dont Yōma, Seolan et Shinke faisaient partie. Affrontant des bataillons en moyenne trois fois plus nombreux que leurs unités et sentant la défaite approcher, le moral des forces d'Ishaka s'estompait petit à petit. C'est lors de l'arrivée des escouades du trio sur les champs de batailles que la situation se mit à prendre une autre tournure, à changer pour le meilleur. Faisant preuve d'une ferveur digne des plus grands héros de guerre, les trois hommes en devenir s'élançaient farouchement au combat sans jamais reculer. Cette ardeur conjuguée à leur maîtrise exceptionnelle du sabre transformaient leurs assauts en un véritable ballet sanglant où les cadavres de leurs pauvres ennemis s'entassaient à vue d’œil. Ainsi, ils réussirent à rendre espoir aux hommes qui l'avaient perdu et parvinrent ainsi à repousser l'envahisseur hors de la ville. Lors des assauts suivants, les défenseurs de la ville continuèrent de tenir bon notamment grâce à l'aide de ce trio de talentueux combattants que l'on connaissait désormais sous l’appellation « Les Lames de l'Espoir ». Les trois jeunes héros de guerre possédaient aussi un surnom individuel donné par leurs ennemis pour les repérer sur le champ de bataille et qui faisait référence à l'une de leurs principales caractéristiques. Yōma Matsudai était surnommé le Croc Doré en raison de la couleur de la lame de son sabre ; on appelait Shinke Datare le Diamant de Jade étant donné la couleur de son plastron et de ses vêtements tandis que Seolan était baptisé la Griffe d'Argent en vertu de sa chevelure cendrée aisément discernable parmi tous les autres guerriers.

    Chapitre II : Les Lames de l'Espoir

    Après onze semaines de siège sans pouvoir s'emparer de la ville, les assaillants alors démunis dépêchèrent leurs plus illustres généraux afin d'affronter les Lames qui se retrouvèrent au milieu des cadavres gisant sur le champ de bataille pour un duel sans précédent. C'est ainsi l'occasion pour Seolan de se mesurer à un adversaire beaucoup plus avantagé que lui ; un mystérieux individu qui se faisait appeler Taste et dont la particularité était sa totale maîtrise sur la manipulation du sang, pouvant le modeler à son bon vouloir. Et du sang là où tous deux se tenaient, il n'en manquait pas. L'adversaire du permanenté était lui aussi un épéiste mais qui, contrairement au jeune combattant, suivait un code d'honneur strict. Les deux hommes s'engagèrent dans un combat brutal, l'un portant un katana tandis que l'autre maniait une épée droite formée de sang au même propriétés que l'acier. Le fracas des lames, les étincelles virevoltant autour des deux bretteurs, la précision de leurs assauts ainsi que leur rapidité d'exécution témoignaient de leurs convictions inébranlables ; il s'agissait là d'un duel jusqu'à ce que mort s'en suive. Taste possédait un style à l'épée remarquable et chacune de ses taillades et estocades se conjuguaient à des mouvements chorégraphiés à la perfection. Néanmoins, il n'arrivait pas à trouver d'ouverture chez son adversaire aux techniques plutôt barbares comme s'il ne combattait qu'en suivant ses instincts. Mais ce qui le dérangeait le plus était la main dominante de l'homme à la crinière d'argent ; il était gaucher. En se munissant d'un fouet de sang comme seconde arme, il parvient à désarmer Seolan et lui infliger un coup minutieusement bien placé qui paralysera les muscles de son bras gauche. La Griffe d'Argent s'empare alors des armes qui trainent autour de lui ; épées, lances, bâtons, et surprend Taste de part sa versatilité. Ce dernier est lourdement blessé au torse après avoir subit une large entaille faisant la largeur de son buste ainsi qu'une lame plantée dans son épaule droite. Le général tente le tout pour le tout en créant une gigantesque sphère rougeâtre dont d'innombrables pics jaillirent pour venir empaler Seolan alors laissé pour mort. De nouvelles directives lui parviennent, il peut cesser le combat : Ishaka vient d'être tué. Le permanenté entend tout ce qu'ils se racontent mais son corps refuse de bouger. La colère monte en même temps que les larmes. Il est vaincu, son ami et régent a disparu, son peuple abandonne et pour couronner le tout, ses deux compagnons d'armes sont introuvables...

    Deux semaines après la capitulation d'Ishaka, Seolan cherchait à entrer en contact avec ses anciens camarades. Bien qu'il réussisse à en trouver quelques uns, beaucoup manquent à l'appel et sont dors et déjà loin de l'archipel. Alors qu'il se trouve dans les montagnes afin de ne pas être repéré par les étrangers qui voudront à coup sûr sa tête, il est rejoint par Shinke affublé de vêtements de pèlerin ; lui aussi s’apprêtait à quitter cet endroit et était au courant des tentatives de son ancien compagnon. C'est alors qu'il prononça ces mots qui aujourd'hui encore, résonnent dans la tête de notre ancien soldat :

    « Nous avons perdu cette guerre et notre île n'est plus. Seolan... tu n'es pas Ishaka ; tu ne pourras jamais ramener tout le monde. Il est désormais temps de passer à autre chose. »